Les banques françaises : ces champions (trop ?) souvent critiquées ?
En France, on aime bien critiquer. Son voisin, son beau-frère, ses collègues. Ou encore les banques. « Je paye trop de frais ». « Mon banquier ne me sert à rien ». « Pourquoi est-ce que je devrais payer pour avoir une carte bancaire ? ». Ou encore « je vais tout mettre dans une néobanque, c’est gratuit ».
Ces interrogations sont légitimes. La réponse dépend d’ailleurs de la situation de chacun.
Le modèle de la banque de détail est, sans aucun doute, en pleine mutation. Sous la pression de nouveaux entrants – néobanques et fintechs – les standards changent : digitalisation, instantanéité, services à bas coût, parfois gratuits.
Les banques françaises se transforment
Face à ces défis, les grandes banques françaises n’attendent pas les bras croisés. BNP Paribas, par exemple, a lancé un plan stratégique ambitieux pour accélérer les investissements dans sa banque en ligne – Hello Bank! – et réduire son réseau d’agences d’un tiers d’ici à 2030.
Mais si les banques françaises sont fortement challengées et doivent évoluer, il ne faudrait pas omettre la chose suivante dans l’analyse : ce sont des modèles de réussite industriels reconnus dans le monde entier.
Quelques chiffres pour s’en convaincre
- 4 banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE, Société Générale – font partie des plus grandes banques mondiales[1]. La France est loin devant les autres pays européens.
- Amundi, filiale du Groupe Crédit Agricole, est le premier gestionnaire en Europe et le seul acteur non américain présent dans le top 10 mondial[2]. Avec l’intégration d’AXA IM, BNP Paribas pourrait devenir le 2ème asset manager en Europe.
- 3 banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole SA[3], Société Générale – sont dans le top 20 des capitalisations boursières du CAC 40[4].
Les banques françaises ont bâti un modèle reconnu mondialement : celui de la « banque universelle », qui leur permet d’opérer sur plusieurs activités (banque de détail, financement, marchés) et sur plusieurs continents. BNP Paribas et Crédit Agricole sont des références mondiales en Banque de Financement et d’Investissement (BFI). Société Générale a longtemps été un modèle dans ses activités de marché.
Un rôle clé dans l’économie
Dans quelles autres industries la France peut-elle se targuer de compter autant de champions, à part le luxe, la santé ou la défense ?
Et ce succès ne profite pas qu’aux banques ou à leurs actionnaires.
Il bénéficie à l’économie et la société :
- Financement de nos projets de vie avec un modèle particulièrement avantageux de prêts à taux fixe jusqu’à 25 ans ;
- Accompagnement de nos besoins patrimoniaux avec des produits couvrant les besoins de la jeunesse jusqu’à la retraite, pour tous les profils ;
- Soutien massif du tissu économique local, tout en accompagnant les grands groupes français à l’international via la BFI ;
- Forte contribution à la redistribution. Les grandes banques françaises figurent parmi les premiers contributeurs fiscaux du pays. Le Groupe Crédit Mutuel a par exemple payé 1,3 milliards d’impôt sur les sociétés (IS) en 2024 ;
- Engagement concret sur les territoires : 39 caisses régionales au Crédit Agricole, 18 fédérations régionales au Crédit Mutuel ;
- Engagements sociétaux forts. La Banque Postale et Crédit Mutuel sont devenus sociétés à mission via la loi PACTE[5]. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale[6] est allé plus loin avec un dividende sociétal équivalent à 15% de son résultat, consacré au financement de projets qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique et les inégalités sociales. Cela représente 574 millions d’euros en 2024.
Des banques conquérantes
La consolidation s’accélère en Europe, notamment en Espagne et en Italie. Les banques françaises, elles, passent à l’offensive : rachat audacieux de la banque portugaise Novobanco par BPCE, acquisition de la banque allemande OLB par Crédit Mutuel, intégration d’AXA IM et de la banque privée d’HSBC Germany par BNP Paribas.
On peut s’en réjouir : les banques françaises ne subissent pas, elles investissent et se développent. C’est un enjeu de compétitivité, mais aussi de souveraineté économique, à un moment où la situation du pays est particulièrement préoccupante.
Exigeants, mais justes
Oui, nous devons rester exigeants avec nos banques, sur la transparence et la qualité de service. Mais reconnaissons-le : nous avons des champions mondiaux qui font rayonner la France. Alors, critiquons quand c’est nécessaire… mais reconnaissons aussi nos grands succès français !
Richard Michaud, créateur du podcast & de la newsletter Inside Banking
- [1] Banque dite “G-SIIB” – 2024 ist of Global Systemically Important Banks – FSB
- [2] https://www.lesechos.fr/finance-marches/gestion-actifs/encours-records-pour-amundi-qui-profite-du-repli-des-investissements-vers-leurope-2178779
- [3] Filiale cotée du Groupe Crédit Agricole
- [4] Donnée au 30/07/2025
- [5] https://bigmedia.bpifrance.fr/nos-dossiers/loi-pacte-definition-objectifs-et-mesures-pour-les-entreprises
- [6] Qui rassemble 14 des 18 fédérations du Groupe Crédit Mutuel