Opinion: Faut-il avoir peur des tarifs de Donald Trump ?
Depuis l’annonce par « l’oncle Donald » de l’instauration de tarifs douaniers à l’importation, ce mercredi après la clôture des marchés, l’indice américain S&P 500 a perdu jusqu’à 10,6% en 2 jours.
En termes de capitalisation boursière, cela représente une baisse de l’ordre de 4.500 milliards $… Tout le monde en parle,
sur toutes les chaines de télévision et de radio (même Nostalgie dont ce n’est pas la vocation première). C’est dire si la panique semble générale…
En deux mots, le président américain met en place des taxes sur les produits qui sont importés depuis la plupart de ses partenaires commerciaux avec laquelle il y a un déséquilibre commercial (plus d’achat américains que d’exportations). Son objectif est de « rendre l’Amérique à nouveau grande » (MAGA).
Mais, il y a d’autres moyens de rendre son pays plus grand, plus digne, plus respectable, plus admirable, que de se fermer dans une politique protectionniste ! En effet, la dernière fois que des mesures d’une telle ampleur ont été prises, ce fut en juin 1930, lorsqu’un de ses prédécesseurs, Herbert Hoover, fit appliquer la dénommée « Smoot-Hawley Tariff Act » frappant plus de 20.000 produits importés.

De nombreux pays réagirent par la réciproque, comme vient de le faire la Chine aujourd’hui, en appliquant des taxes symétriques. Le commerce mondial s’effondra, aggravant encore la crise économique des Etats-Unis.
La leçon fut relativement vite apprise car les tarifs douaniers furent retirés progressivement 2 ans après avoir été mis en place… La décision qu’a pris cette semaine Donald Trump l’a donc été, soit en ignorant l’histoire, soit en la connaissant et en espérant des conséquences différentes…
Les calculs qu’il a présentés pour expliquer les taux appliqués par pays sont du niveau d’un enfant de primaire, avec même des erreurs géographiques (voir article du Guardian). Quoi qu’il en soit, les conséquences seront vraisemblablement une incitation à consommer davantage « américain » et à produire aux USA, mais aussi une hausse de l’inflation et, en conséquence, une hausse des taux d’intérêt, ainsi que d’autres facteurs contreproductifs qui risqueraient de plonger l’économie américaine en récession, avec in fine un impact social et électoral…
En conclusion, Donald Trump se tire une balle dans le pied ! Mais, il n’a peut-être pas eu l’équipe suffisamment instruite pour l’en avertir ? Ou alors l’a-t-il eue, mais n’a-t-il pas voulu l’écouter ? Toujours est-il que d’autres dirigeants d’entreprises, dont certains bien plus riches que lui, et même la Fed ont dû réagir fermement ces derniers jours et son téléphone a dû carillonner !
La pression qu’il doit subir, ces dernières heures a dû être telle qu’il s’est même senti obligé de se justifier publiquement : il maintient son avis et il affirme même que la bourse va « booster »… Mais combien de temps pourra-t-il tenir? Combien de temps vat-il résister à la pression ? Combien de temps lui faudra-t-il pour retourner sa veste ?
Quoi qu’il en soit, avec une pointe du VIX (indice de la peur) à 45, un RSI qui a atteint un niveau de survente plus égalé depuis 2022, un niveau de panique médiatique assourdissant et une baisse de l’indice S&P 500 de 17% depuis son sommet de février, le moment est intéressant pour (ré)investir un peu, tout en observant une très large diversification. Pour information ou rappel, il n’y a pas de corrélation statistiquement significative entre l’économie réelle et la bourse. Quand la marée est basse en bourse, il faut en profiter, quel que soit l’état présent ou à venir de la conjoncture économique !