L’Union Européenne va t-elle surprendre les marchés cette année ?

L’Union Européenne va t-elle surprendre les marchés cette année ?
Publié le 7 janvier 2025 par Vincent Barret

Alors que nous entrons dans la nouvelle année, il est difficile d’être optimiste pour la zone euro du point de vue des investisseurs. La politique de celle-ci devient de plus en plus fragmentée et polarisée.

L’Allemagne pourrait se retrouver sans gouvernement stable au moins jusqu’aux élections de fin février, et la France pourrait devoir attendre 2027, date à laquelle le mandat du président Emmanuel Macron prendra fin.

La croissance est au point mort et le chômage devrait augmenter. L’économie est freinée par une réglementation trop lourde, des prix énergétiques élevés depuis la guerre en Ukraine en 2022, une démographie faible, une concurrence croissante dans le secteur manufacturier et l’incapacité à suivre le rythme des avancées technologiques chinoises et américaines.

Une grande partie du continent est aux prises avec un endettement excessif, alors même que les gouvernements sont sous pression pour augmenter considérablement les dépenses de défense.

Les prévisions du consensus tablent sur une croissance de seulement 1,1 % l’an prochain. Certains sont encore plus pessimistes : Bank of America table sur une croissance de seulement 0,9 % en 2025. Même si l’on part du principe que Donald Trump n’impose que des droits de douane modestes à l’Europe à son retour à la Maison Blanche, les risques pour la croissance sont largement orientés à la baisse, selon la dernière enquête de la Banque centrale européenne auprès d’économistes indépendants.

En outre, selon l’OCDE, la zone euro, elle, est à la peine. Sa croissance n’atteindra que 1,3 % en 2025 et 1,5 % en 2026 après 0,8 % cette année. En crise politique, la France et l’Allemagne enregistreront respectivement une hausse de leur PIB de 0,9 % et 0,7 % en 2025. L’OCDE a sérieusement revu à la baisse (-0,3 point par rapport à septembre) son pronostic.

Pour la France, « les efforts d’assainissement budgétaire qui seront déployés en 2025 et 2026 pèseront sur la croissance et neutraliseront en partie l’effet positif de l’assouplissement de la politique monétaire sur l’investissement résidentiel et celui des entreprises », avance l’Organisation. Côté Allemagne, « l’investissement privé se redressera progressivement, soutenu par l’épargne des entreprises et la baisse des taux d’intérêt, mais l’incertitude liée à l’action publique continuera de peser sur la confiance des investisseurs », commente l’institution.

En revanche, on anticipe une résilience continue de la croissance dans le Sud de l’Europe. La performance économique de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce a été remarquable cette année, soutenue par une croissance robuste des services (qui représentent une plus grande part de l’activité globale qu’au Nord), une immigration élevée (soutenant une forte croissance de l’emploi) et un soutien à l’investissement via le Fonds de Relance Européen.

Bien que les analystes s’attendent à un ralentissement de la croissance dans le Sud l’année prochaine, ces pays devraient mieux résister aux tensions commerciales et aux pressions concurrentielles de la Chine qu’au Nord.

Malgré ces difficultés, les données sur l’activité économique de la zone euro indiquent une croissance modeste mais positive. Les revenus réels (corrigés de l’inflation) devraient augmenter et l’épargne est élevée, deux éléments qui devraient soutenir les dépenses des ménages.

Ainsi, c’est la consommation des ménages qui devrait tirer cette modeste croissance, avec des augmentations de salaires qui permettent aux Européens de retrouver du pouvoir d’achat après la bouffée inflationniste provoquée par la crise énergétique.

De fait, la croissance des salaires négociés dans la zone euro a bondi à 5,42 % au troisième trimestre 2024, soit la plus forte hausse depuis le premier trimestre 1993, contre 3,54 % au deuxième trimestre, alors que l’inflation est tombée à 2,2% en novembre 2024, donc les salaires réels restent élevés.

Cette croissance des salaires est soutenue par la faiblesse du taux de chômage, en effet, en octobre, le taux de chômage de l’Union a touché un nouveau plus bas historique, à 6,3% de la population active, et devrait rester à ce niveau en 2025 et 2026 selon la Commission Européenne.

Par conséquent, selon les analystes, la consommation privée resterait le principal moteur de la croissance du PIB, soutenue par la forte progression de la rémunération du travail, elle-même alimentée par la hausse des salaires et le ralentissement de l’inflation. La progression de la consommation privée s’est probablement fortement accélérée au troisième trimestre 2024, en dépit du taux élevé d’épargne des ménages.

La croissance annuelle des dépenses des ménages devrait passer d’environ 0,8-0,9 % en 2023-2024 à 1,3 % en 2025-2026, avant de retomber légèrement en 2027 et revenir à la moyenne d’avant la pandémie de 1,2 %, selon la Banque Centrale Européenne.

La reprise de la consommation privée s’explique par une normalisation progressive du taux d’épargne des ménages et une hausse du revenu réel disponible, principalement en raison de la croissance toujours soutenue des salaires et de la forte progression des revenus hors travail (en particulier, les revenus du travail indépendant et des actifs financiers).

Même si la hausse du revenu réel devrait être modérée en 2025-2027, du fait de la dissipation des effets liés au rattrapage des salaires réels, la consommation privée devrait également bénéficier d’une légère baisse du taux d’épargne liée à la normalisation progressive du comportement de consommation.

Le taux d’épargne des ménages devrait rester élevé, reflétant des taux d’intérêt toujours hauts, quoiqu’en baisse, et des critères d’octroi toujours restrictifs, et diminuer progressivement sur l’horizon de projection, mais à un rythme plus lent qu’anticipé dans les projections de septembre 2024 de la BCE.

Un redressement de la confiance des consommateurs ainsi qu’un lissage de la consommation, c’est-à-dire une réaction différée des dépenses des ménages à l’augmentation du pouvoir d’achat, devraient également contribuer à la diminution progressive de l’épargne.

Bien que la hausse du taux d’épargne des ménages au premier semestre soit difficile à expliquer, on s’attend à une baisse progressive du taux d’épargne l’année prochaine, à mesure que les taux des dépôts diminuent et que le comportement d’épargne se normalise.

Par rapport aux projections de septembre 2024, la croissance de la consommation privée a été révisée à la hausse de 0,1 point de pourcentage pour 2024, traduisant une dynamique légèrement plus forte dans le contexte d’une croissance plus soutenue des revenus du travail, mais a été révisée à la baisse pour 2025 et 2026, de 0,1 et 0,2 point de pourcentage respectivement, reflétant largement une progression du taux d’épargne liée à la normalisation plus lente attendue du comportement de dépense des ménages.

Celle-ci a été révisée à la baisse aussi car la croissance lente du PIB devrait se traduire par un ralentissement du marché de l’emploi l’année prochaine. Le taux de chômage, qui s’élevait à 6,3 % en septembre, devrait augmenter l’année prochaine et atteindre 6,7 % début 2026 selon Goldman Sachs. Ainsi, cela engendrera un ralentissement de la croissance des salaires.

Qui plus est, l’incidence du resserrement antérieur de la politique monétaire sur la croissance devrait s’estomper sur l’horizon de projection, notamment grâce à la baisse continue des taux directeurs.Les effets des mesures de politique monétaire prises entre décembre 2021 et septembre 2023 continuent de se transmettre à l’économie réelle.

L’essentiel de ces effets modérateurs sur la croissance devrait cependant déjà s’être matérialisé. Après les abaissements des taux d’intérêt directeurs réalisés depuis juin 2024, et sur la base des anticipations des marchés relatives à la trajectoire future des taux d’intérêt à la date d’arrêté des projections, l’incidence négative du resserrement antérieur de la politique monétaire sur la croissance économique devrait s’amenuiser en 2025.

Bien que l’ampleur et l’évolution dans le temps de cette incidence négative restent très incertaines, celle-ci devrait s’être effacée d’ici à 2026, selon la Banque Centrale Européenne.

Par ailleurs, l’inflation est en baisse depuis l’été, et l’inflation globale et l’inflation sous-jacente devraient revenir à un taux durable de 2 % d’ici la fin de l’année prochaine, à mesure que l’inflation des services ralentit.

Les perspectives d’inflation restent toutefois particulièrement incertaines. Une dépréciation de l’euro pourrait indiquer des pressions inflationnistes plus fortes que prévu.

De plus, les mesures de rétorsion que prendraient les Européens en cas de hausse des droits de douane américains se traduiraient également par un peu plus d’inflation en zone euro. Cela viendrait aussi compliquer le travail de la BCE. Si on imagine une hausse de 10% des droits de douane européens sur les importations en provenance des Etats-Unis (2,2% du PIB), l’impact sur l’inflation de la zone euro pourrait être haussier d’environ 0,3% selon les analystes.

D’un autre côté, l’inflation pourrait être plus modérée dans un contexte de ralentissement du marché du travail et en cas de droits de douane américains plus élevés que prévu sur la Chine, ce qui pourrait inciter la Chine à vendre ses excédents de biens à prix réduits en Europe.

La croissance économique lente et la baisse de l’inflation vont probablement pousser la Banque centrale européenne à réduire ses taux d’intérêt. Selon les analystes, le taux neutre de la BCE se situe entre 1,5%-2%, et il pourrait être atteint dès l’automne de cette année.

Néanmoins, les nouvelles données disponibles suggèrent un léger ralentissement de la croissance du PIB de la zone euro à court terme, dans un contexte de forte incertitude.

Les indicateurs tirés d’enquêtes relatifs à l’activité, tels que l’indice des directeurs d’achat et les indicateurs de confiance des chefs d’entreprise et des consommateurs de la Commission européenne, demeurent faibles.

La plupart d’entre eux se sont encore repliés en novembre. Les données font état de différences persistantes entre les secteurs, avec un secteur manufacturier toujours très fragile (l’indice des directeurs d’achat relatif à l’activité dans ce secteur est ressorti à 45,1 en décembre). Il s’agit de la plus forte baisse de l’activité manufacturière en trois mois, prolongeant la séquence de contraction en cours depuis deux ans.

Les nouvelles commandes ont continué de baisser à un rythme soutenu, poussant les usines à réduire leur production au plus haut depuis la période correspondante de l’année précédente. La baisse de la production a eu lieu malgré une nouvelle diminution des arriérés de travail.

Par conséquent, la baisse de la demande de capacité a poussé les fabricants à réduire leurs effectifs, en particulier en Allemagne et en France, tandis que le bloc a enregistré une baisse agressive des achats.

Sur le front des prix, les charges liées aux coûts de production ont baissé pour le quatrième mois consécutif. Pour l’avenir, la confiance des fabricants quant à l’activité future reste modérée, bien qu’elle se soit améliorée par rapport au mois dernier.

Le secteur manufacturier est plombé par les coûts énergétiques. De fait, les prix de l’énergie ont chuté de manière significative par rapport à leur pic, mais les prix du gaz européen restent nettement supérieurs aux niveaux d’avant 2022 et sensiblement plus élevés qu’aux États-Unis.

Parallèlement, la Chine est devenue un concurrent majeur pour la production de biens européens, gagnant significativement des parts de marché dans les industries ayant subi des augmentations de coûts.

En revanche, l’activité dans les services a de nouveau rebondi en décembre, me HCOB Eurozone Services PMI a augmenté à 51,4 en décembre 2024, contre 49,5 en novembre, alors que les analystes s’attendaient à ce qu’il reste stable à 49,5, selon des estimations préliminaires. Les dernières données indiquent une nouvelle expansion de l’activité dans le secteur des services après une première contraction en dix mois en novembre. Les nouvelles commandes ont continué à diminuer à un rythme soutenu, bien qu’inférieur à celui du mois précédent.

Dans le même temps, le taux de croissance de l’emploi a presque stagné. Sur le front des prix, les charges d’entrée et de sortie ont connu une augmentation brutale et accélérée. Enfin, l’optimisme concernant les perspectives de production à 12 mois s’est renforcé.

Ainsi, dans l’ensemble, l’activité économique devrait progresser de 0,2 % au quatrième trimestre 2024, soit un rythme plus lent qu’au troisième trimestre, en raison du dénouement des facteurs ponctuels qui ont soutenu la croissance pendant l’été (tels que les Jeux olympiques de Paris), de la faiblesse de la confiance, du niveau élevé des incertitudes et des tensions géopolitiques.

Ensuite, nous avons également le retour de Trump le 20 janvier à la Maison Blanche et qui pourrait enclencher une nouvelle guerre commerciale avec l’Union Européenne. Dans le scénario, où ces tarifs sont effectifs, cela risque de peser significativement sur la croissance de la zone euro.

Bien que l’ampleur de ces tarifs reste très incertaine, une grande partie de l’impact négatif sur la croissance proviendra d’une incertitude accrue en matière de politique commerciale, plutôt que des hausses tarifaires elles-mêmes. Les indicateurs d’incertitude en matière de politique commerciale sont déjà en hausse.

L’incertitude liée à la politique commerciale US a commencé à monter, mais elle reste très contenue, si on la compare à la période de 2018-2019. Rappelons que les exportations européennes vers les Etats-Unis représentent 3,1% du PIB de la zone euro.

L’effet direct d’une hausse de 10% des droits de douane serait de l’ordre d’environ 0,1/0,2 pt de PIB selon les analystes. En termes de croissance économique, les pays européens les plus touchés seraient ceux dont les exportations vers les US en % du PIB sont les plus élevées (Suisse, Allemagne, Pays-Bas, Suède). La France et l’Espagne seraient quant à elles peu touchées par des droits de douane uniformes.

Ensuite, il faut tenir compte des facteurs négatifs indirects en termes de croissance : la hausse des taux longs, la baisse de l’euro et les mesures de rétorsion prises par les Européens à l’égard des Américains.

Trump a mentionné une hausse généralisée de 10 % des droits de douane sur l’ensemble des importations américaines (incluant donc l’Europe). Il est toutefois probable que ces droits de douane soient négociés secteur par secteur, voire pays par pays, et que leur mise en place soit progressive.

En Europe, on peut imaginer un certain nombre de concessions politiques qui pourraient permettre de réduire ce taux de 10% (coopération contre la Chine, plus grande ouverture aux exportations américaines dans la défense et l’énergie).

De surcroît, la hausse encore plus forte du protectionnisme US à l’égard de la Chine (avec des droits de douane qui pourraient atteindre 60%) signifie que la politique mercantiliste de la Chine va désormais davantage cibler le marché domestique européen pour compenser les pertes subies sur le marché américain. Cela d’autant que les barrières à l’entrée sur le marché européen sont relativement faibles.

Par la suite, nous avons également la poursuite de la consolidation budgétaire en 2025, qui pourrait avoir un impact négatif sur la croissance de 0,5 point de pourcentage selon les analystes. En Allemagne, le frein constitutionnel à l’endettement continuera de restreindre la marge budgétaire, mais cela pourrait changer avec les nouvelles élections législatives au mois de février. En effet, les sondages actuels placent l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) en tête, laissant entrevoir une “grande coalition” (avec les sociaux-démocrates, SPD) comme scénario le plus probable, suivie d’une coalition “noire-verte” (avec les Verts).

Un accord sur le budget 2025 semble désormais improbable, ce qui pourrait entraîner une légère contraction budgétaire au premier semestre 2025, mais le nouveau gouvernement pourrait alors adopter un budget supplémentaire pour soutenir l’économie au second semestre.

Bien qu’un changement de gouvernement ouvre la voie à une politique budgétaire plus expansionniste, compte tenu de la marge budgétaire allemande, on s’attend à ce que les conservateurs n’approuvent que des mesures budgétaires limitées supplémentaires.

Ensuite, la France prévoit une importante correction budgétaire avec un objectif de déficit public à 5% en 2025 ; l’Italie a promis une consolidation budgétaire plus rapide que prévu, plaçant le ratio dette/PIB sur une trajectoire décroissante à partir de 2027. Les plans du gouvernement permettraient à l’Italie de sortir de la procédure de déficit excessif (PDE) en 2026 et de respecter les règles budgétaires européennes par la suite. Toutefois, la hausse des taux d’emprunt souverains réels et une croissance économique modérée compliqueront le respect des règles budgétaires à moyen terme.

Par la suite, l’Espagne devrait afficher un déficit plus important que prévu en raison des inondations à Valence, mais elle reste sur la voie d’une consolidation régulière conformément au plan triennal 2024.

Le soutien budgétaire via le Fonds de relance européen restera positif en 2025, mais cette impulsion ne sera pas suffisante pour compenser l’orientation restrictive des politiques budgétaires nationales.

Les perspectives structurelles de l’économie de la zone euro restent difficiles. En plus des coûts énergétiques élevés, des tensions commerciales et de la concurrence chinoise évoqués précédemment, l’Europe affiche une croissance décevante de la productivité et fait face à des vents contraires importants liés au vieillissement de la population.

En conséquence, on estime que la croissance potentielle de la zone euro s’établit à 1 %, contre 1,2 % historiquement.

D’ailleurs, ce pessimisme se reflète sur les marchés. Les actions européennes se négocient peut-être à des niveaux proches de leurs records, mais elles ont nettement sous-performé les actions américaines. L’indice Euro Stoxx 600 se négocie désormais avec une décote record de 40 % par rapport à l’indice S&P 500 sur la base des prévisions de bénéfices pour l’année prochaine.

Alors que les ménages américains n’ont jamais été aussi optimistes à l’égard des actions et que les gestionnaires de fonds américains n’ont jamais détenu moins de liquidités, les gérants de fonds mondiaux sont sous-pondérés en actions européennes et personne ne s’attend à ce qu’elles surperforment les autres marchés en 2025, selon la dernière enquête de Bank of America auprès des investisseurs.

Mais qu’est-ce qui pourrait bien se passer en Europe en 2025 pour sortir de cette morosité économique ?

La première solution immédiate serait que la BCE cesse de s’inquiéter de l’inflation et agisse résolument pour soutenir la croissance. Une réduction de son taux directeur à 1,5 % ou moins, contre 3 % actuellement, pourrait contribuer à restaurer la confiance dans les secteurs en difficulté, notamment l’immobilier et la construction, estime Gilles Moëc, économiste en chef du groupe Axa. Cela permettrait également de soutenir les projets de décarbonation à long terme et d’alléger une partie de la pression budgétaire sur les gouvernements.

Deuxièmement, une fin rapide de la guerre en Ukraine, dans des conditions que Kiev pourrait accepter, dissiperait l’un des nuages ​​les plus sombres qui ont plané sur l’économie du continent au cours des deux ans et demi écoulés, en particulier si cela conduisait à une baisse des prix de l’énergie. La reconstruction de l’Ukraine et son intégration au marché unique de l’UE stimuleraient l’activité économique.

Un autre coup de pouce pourrait venir d’un assouplissement du frein à l’endettement allemand. Friedrich Merz, favori pour le poste de chancelier, pourrait pour l’instant exclure cette option, du moins jusqu’aux élections. Mais il est difficile de concilier l’engagement de son parti, l’Union chrétienne-démocrate, d’augmenter les dépenses de défense et de réduire les impôts sans emprunter davantage. Alors que tout le monde, d’Angela Merkel au président actuel de la Bundesbank, s’est désormais prononcé en faveur d’une réforme du frein à l’endettement, un assouplissement de la politique budgétaire semble probable.

En attendant, un programme déterminé de réformes du côté de l’offre pourrait faire augmenter la croissance allemande de 0,5 point de pourcentage l’année prochaine, estime Holger Schmieding, économiste en chef de la banque Berenberg.

Une autre bonne surprise pourrait être la mise en œuvre des recommandations récentes de Mario Draghi sur la manière de renforcer la compétitivité de l’UE. Les attentes sont actuellement faibles, notamment en raison de l’opposition à toute nouvelle émission de dette commune. Pourtant, une grande partie du programme de déréglementation de l’ancien Premier ministre italien ne nécessite pas de financement supplémentaire ni même de législation.

En outre, certains signes montrent que la résistance à l’émission de nouvelles dettes pour financer les dépenses de défense pourrait faiblir à mesure que l’Europe s’efforce d’assurer sa propre sécurité et de prévenir les menaces de droits de douane de Trump. Certains estiment que les réformes ne progresseront pas en Europe parce qu’il manque un leadership fort, notamment en France et en Allemagne.

D’autres, au contraire, comblent ce vide. La décision d’Ursula von der Leyen de se rendre au Brésil la première semaine de son nouveau mandat pour signer l’accord commercial UE-Mercosur, par exemple, a montré que la présidente de la Commission européenne ne craint pas de prendre des risques politiques pour parvenir à un accord qui est manifestement dans l’intérêt économique et géopolitique du bloc. Elle semble au moins reconnaître la gravité du moment et est prête à y faire face.