Rapport hebdomadaire – Semaine du 22 au 26 septembre 2025
Introduction
La semaine du 22 au 26 septembre 2025 s’est inscrite dans une atmosphère de rééquilibrage prudent : après un début de mois marqué par les anticipations de coupes de taux « agressives », les investisseurs ont dû composer avec des données macro favorables aux États-Unis (révision à la hausse du PIB T2, consommation robuste, PCE conforme aux attentes) qui ont actualisé les attentes de la Fed vers un profil plus modéré et conditionnel. Sur les marchés financiers, cette semaine a créé des vagues les devises majeures ont affiché des divergences notables, les courbes de taux ont réagi à la fois aux tensions budgétaires (notamment au Royaume-Uni) et à la lecture des anticipations inflationnistes, et les actions ont oscillé entre prises de bénéfice et rebonds en fin de semaine. Le tout dans un cadre géopolitique morcelé (tarifs US, tensions russes / ukrainiennes, incertitudes budgétaires européennes) qui a servi de fil conducteur aux flux de capitaux.
Devises — Analyse détaillée des huit principales monnaies
USD (Dollar américain)
Le dollar a confirmé sa position de force dominante cette semaine, clôturant sur une deuxième semaine consécutive de gains face à la majorité de ses pairs. Plusieurs éléments ont alimenté sa trajectoire :
- La révision à la hausse du PIB américain pour le deuxième trimestre (à +3,8 % annualisé) a surpris favorablement le marché, renforçant l’idée que l’économie demeure résiliente.
- Le rapport PCE d’août, qui constitue la mesure favorite de la Fed pour juger de l’inflation, est ressorti en ligne avec les attentes, ce qui a freiné le repli anticipé des taux.
- Face à des données macro soutenues, les marchés ont ajusté leur pricing de coupes de taux, désormais plus conditionnelles ; le dollar en a bénéficié par arbitrage de portefeuilles.
- Sur la semaine, l’indice dollar (DXY) est remonté vers des niveaux d’environ +0,6 à 0,7 % selon les paires — par exemple, le dollar a atteint un plus haut sur deux semaines face à l’euro.
- Toutefois, en début de semaine, le dollar avait montré une faiblesse ponctuelle face à l’euro et au franc suisse, dans l’attente des commentaires de la Fed et des indicateurs à venir.
Cette dynamique renforce le narratif selon lequel la devise américaine reste le baromètre central du cycle monétaire mondial dans ce contexte d’ajustements graduels.
EUR (Euro)
L’euro a souffert d’un double handicap : un dollar robuste et des signes de croissance intérieure encore fragile. Sur cette semaine :
- Les PMI flash de la zone euro ont donné un élan modéré ; le composite atteignant en rythme annualisé un plus haut de 16 mois (≈ 51,2), mais le manufacturier repassant en zone contraction (≈ 49,5). La France, notamment, a fortement déçu avec un PMI autour de 48,4.
- L’écart de momentum entre l’économie américaine et l’Europe s’est accentué, renforçant les flows vers le dollar.
- Par ailleurs, la BCE a confirmé qu’elle reste dans une posture de politique monétaire inchangée, à l’écoute des données, ce qui ne plaide pas pour un soutien agressif de l’euro.
- À l’échelle technique, l’euro a reculé vers des paliers de support autour de 1,1650 USD, flirtant avec des zones de vulnérabilité si le dollar continue d’étendre son biais haussier.
Au total, l’euro a été l’un des paires les plus impactées cette semaine par le différentiel de dynamique macro entre les États-Unis et la zone euro.
JPY (Yen japonais)
Le yen est resté sous pression tout du long :
- Le rebond du dollar a été particulièrement accusé face au yen : USD/JPY a grimpé vers ~149,7 lors de pics, soit un niveau élevé pour la paire.
- Aucun catalyseur interne significatif au Japon n’a soutenu le JPY, et la perspective d’un resserrement monétaire japonais demeure lointaine.
- Dans ce contexte, la paire a accentué sa volatilité, notamment autour des annonces macro US.
GBP (Livre sterling)
La livre a été en proie à des mouvements plus marqués à la baisse :
- Le marché a réagi négativement aux craintes budgétaires britanniques : lors d’une adjudication de gilts, le ratio offre-couverture a été faible, traduisant une demande limitée pour les obligations souveraines. Cela a fragilisé la confiance sur le financement public.
- Le discours politique demeure ambigu, et certains membres de la BoE, comme Dhingra, ont appelé à des baisses de taux plus rapides que ce que le marché imaginait.
- La livre s’est maintenue stable à certains moments (par exemple $1,34495) mais inquiète les investisseurs du fait des tensions structurelles sur les taux et le budget.
CHF (Franc suisse)
La Suisse a opté pour la stabilité relative :
- La BNS a maintenu son taux directeur à 0 % (pas de relèvement ni de baisse), justifiant cette pause par les risques externes ; notamment les incertitudes liées aux nouveaux tarifs américains.
- Le franc a subi des fluctuations modérées, sans dynamique claire, retenu par le dollar plus fort et l’absence d’élément de différenciation positif.
- L’anticipation d’interventions éventuelles sur le marché des changes reste un élément de discipline pour le franc.
AUD (Dollar australien)
L’AUD a suivi le mouvement général de reflux des devises « à risque » :
- L’appétit pour le dollar US, combiné à l’absence de catalyseur pro-australien cette semaine, a pénalisé l’AUD.
- Le marché scrute déjà la prochaine réunion RBA du 30 septembre, où un statu quo est attendu, ce qui limite le potentiel haussier immédiat.
- La résilience relative de l’économie australienne (domestique) n’a pas suffi à contrer la force du dollar.
NZD (Dollar néo-zélandais)
La trajectoire du NZD s’est alignée avec celle de l’AUD, mais avec une plus grande faiblesse :
- Le NZD/USD a reculé vers ~0,58, sous la pression combinée de flows vers les États-Unis et d’un contexte macro international moins favorable.
- Comme pour l’AUD, l’absence de données nationales suffisamment solides pour contrebalancer le dollar a rendu la paire vulnérable.
CAD (Dollar canadien)
Le dollar canadien est la devise la plus affaiblie du lot :
- Le CAD a subi une forte baisse hebdomadaire (~ –1,1 %), amplifiée par le différentiel de taux face aux États-Unis.
- Bien que le PIB canadien pour juillet ait montré une légère surperformance, cela n’a pas suffi à résister à la rotation de capitaux vers les actifs américains.
- Le CAD a aussi rivalisé avec les devises « matières premières » : l’absence de catalyseur spécifique (prix du pétrole, etc.) a accentué sa vulnérabilité.
Géopolitique et événements de marché
La semaine a été ponctuée de facteurs géopolitiques et macro-réglementaires structurants :
- Les nouveaux tarifs imposés par les États-Unis sur certains biens de consommation et industriels restent une source d’incertitude importante pour les échanges globaux, suscitant des réactions dans divers secteurs (automobile, technologie).
- Les tensions militaires Russie-Ukraine, avec des frappes ciblées sur des infrastructures stratégiques, ont alimenté l’aversion au risque et soutenu les prix du pétrole.
- Au Royaume-Uni, la fragilité de la demande sur les adjudications de la dette et l’appréhension autour du budget à venir ont exacerbé les risques souverains.
- Enfin, le risque institutionnel d’un shutdown américain en fin septembre demeure dans les esprits et pourrait impacter les publications de données (notamment le rapport emploi).
Actions (Equities)
- États-Unis : après trois séances consécutives de records, les indices ont fléchi en milieu de semaine mais ont rebondi vendredi, soutenus par des chiffres PCE en ligne. Le S&P 500 et le Nasdaq restent proches de leurs sommets, mais l’inversion interne du marché indique une prudence latente.
- Europe : la Bourse européenne a traversé une semaine incertaine, marquée par des variations sectorielles fortes. Le STOXX 600 affiche une performance neutre à légèrement négative sur la semaine. Le secteur financier a bénéficié d’un regain de taux, tandis que les secteurs exposés au commerce international ont pâti des incertitudes tarifaires.
- Les prises de bénéfices dans les valeurs de croissance ont été contrebalancées par des rotations vers des valeurs à plus forte bêta.
Matières premières (Commodities)
- Pétrole : les cours ont progressé sur la semaine, portés par les tensions géopolitiques et des draws de stocks américains surprenants. Le Brent s’est stabilisé au-delà de 69 $ le baril à la clôture hebdomadaire.
- Or / Métaux précieux : l’or a gagné du terrain (~+1,5 à +1,8 %) en tant que valeur refuge face aux incertitudes globales. L’argent a également bénéficié de ce mouvement.
- Cuivre : le cuivre a été soutenu par les anticipations d’un resserrement des perspectives d’offre (notamment des perturbations minières), ce qui atténue les attentes d’un excès d’offre pour fin 2025.
Taux d’intérêt & Obligations
États-Unis
- Les Treasuries ont connu des mouvements contrastés : face à des données fortes, les rendements longs ont été vendus, tandis que les maturités plus courtes (2 ans) ont dans certains moments rebondi, commençant à refléter les primes de path dépendant.
- Le 10 ans américain s’est ancré autour de 4,20 %, avec des pics intrajournaliers au-delà.
- Le Fed, dans ses commentaires, est resté prudent et dépendant des données, ce qui tempère la volatilité extrême sur les taux moyens.
Zone euro
- Les rendements souverains européens ont légèrement baissé, notamment sur le Bund 10 ans, dans un contexte d’apaisement du rythme de hausse anticipé de taux européens.
- L’€STR reste respecté comme référence, et la BCE continue de privilégier une approche « meeting‐by‐meeting ».
Royaume-Uni
- Les gilts ont été très volatils, en lien direct avec les tensions budgétaires : les coûts de financement se sont tendus, augmentant la prime de risque et accentuant la pression sur la livre.
- Le marché s’interroge sur la capacité de la BoE à soutenir le marché obligataire tout en gérant la trajectoire des taux.
Suisse
- Les taux suisses ont eu une dynamique davantage neutre, avec peu de mouvement malgré la politique monétaire inchangée et une légère compression de la liquidité.
Conclusion
La semaine du 22 au 26 septembre 2025 a confirmé que le dollar reste au cœur du jeu monétaire mondial : dans un contexte de données macro favorables aux États-Unis, il bénéficie du flux de capitaux et de l’arbitrage des taux. Les grandes devises ont affiché des trajectoires divergentes, reflétant les différences de fondamentaux et de politique monétaire. Le marché obligataire a montré sa sensibilité aux signaux inflationnistes et aux tensions souveraines, notamment au Royaume-Uni. Enfin, les matières premières et le compartiment actions ont navigué entre nervosité et rebonds opportunistes.
Dans les jours à venir, le point focal sera le rapport emploi américain (NFP) et les discours de la Fed, lesquels pourront redéfinir les subtilités d’un cycle monétaire jugé désormais plus “data-dependent” que jamais.
Sources
https://www.reuters.com/world/china/global-markets-wrapup-1-2025-09-25/
https://www.reuters.com/business/finance/swiss-national-bank-keeps-interest-rate-zero-2025-09-25/