L’essor de la DeFi : quel avenir pour les banques ?

L’essor de la DeFi : quel avenir pour les banques ?
Publié le 20 août 2025 par Nolan Nabeth

Depuis 2020, la Finance Décentralisée (DeFi) s’est développée à un rythme rapide. Elle repose sur la technologie blockchain et est soutenue par des protocoles avant-gardistes, transformant profondément les pratiques du secteur bancaire traditionnel en offrant un accès direct à divers services financiers tels que le prêt, l’emprunt, le trading et l’épargne, sans intermédiaire bancaire.

Toutefois, malgré des rendements potentiellement élevés, la DeFi présente également des risques significatifs et pose des questions quant au futur du domaine bancaire.


Qu’est-ce que la DeFi ?


La Finance Décentralisée s’appuie sur des smart contracts, qui sont des programmes informatiques déclenchés automatiquement au sein de la blockchain. Les institutions financières traditionnelles sont substituées par ces contrats: l’absence de conseiller bancaire ou d’intermédiaire devient la norme, car la gestion est assurée par le code et la clarté des
registres publics.

Quelques exemples concrets :

● Prêts et emprunts : Sur Aave ou Compound, un utilisateur peut prêter ses cryptomonnaies et percevoir des intérêts (souvent supérieurs à ceux proposés par une banque), tandis qu’un autre peut emprunter en déposant une garantie.
● Trading décentralisé (DEX) : Uniswap, Curve ou SushiSwap permettent d’échanger des actifs directement entre utilisateurs, sans intermédiaire central.
● Épargne et rendements : Les mécanismes de staking (bloquer ses cryptos pour sécuriser un réseau) ou de yield farming (fournir de la liquidité à un protocole) offrent des rendements parfois à deux chiffres.

En résumé, la DeFi ambitionne de créer un système financier mondial, ouvert et transparent, accessible avec une simple connexion Internet et un portefeuille numérique.

Des rendements attractifs… mais à quel prix ?


L’un des grands arguments de la DeFi réside dans ses rendements élevés (APY – Annual Percentage Yield). Alors que les comptes épargne en banque offrent en moyenne 2 à 4 % par an, certains protocoles DeFi affichent des taux allant de 10 % à plus de 100 %, selon les actifs et la demande.

Mais ces rendements s’expliquent par :

● La volatilité des cryptomonnaies : les gains en tokens peuvent perdre rapidement de la valeur si le marché chute.
● Le risque technologique : une faille dans un smart contract peut entraîner le piratage de millions de dollars.
● Le risque systémique : certains protocoles reposent sur des stablecoins (comme l’USDT ou l’USDC). Si la confiance disparaît, l’écosystème entier peut vaciller.
● Le risque réglementaire : de nombreux États commencent à surveiller la DeFi, ce qui peut entraîner des restrictions ou interdictions.

Autrement dit, les rendements élevés vont de pair avec des risques considérables, souvent mal compris par les nouveaux investisseurs.

Un modèle qui menace les banques traditionnelles ?


La DeFi remet en question le rôle historique des banques :

● Dépôts et épargne : pourquoi laisser son argent à 2 % à la banque quand certains protocoles promettent 10 % ou plus ?
● Prêts : dans la DeFi, pas besoin de vérifier votre dossier de crédit, seule la garantie déposée compte.
● Frais : les services bancaires facturent des commissions, alors que la DeFi se contente des frais de réseau et des protocoles.
Cependant, les banques conservent plusieurs atouts qui leur permettent de rester compétitives face à la DeFi.

Elles offrent avant tout la sécurité des dépôts, garantie par l’État dans de nombreux pays, comme avec le Fonds de Garantie des Dépôts en Europe qui protège l’épargnant en cas de faillite bancaire. Elles assurent également une stabilité structurelle, puisqu’elles ne risquent pas de disparaître du jour au lendemain à cause d’une faille informatique ou d’un piratage massif.

Enfin, elles bénéficient d’un capital essentiel : la confiance des clients. Malgré certains scandales financiers, la majorité des particuliers préfère encore confier son argent à une banque régulée plutôt qu’à un protocole anonyme géré uniquement par du code.Malgré certains scandales financiers, la majorité des particuliers préfère encore confier son argent à une banque régulée plutôt qu’à un protocole anonyme géré uniquement par du code.

Pour conclure

la finance décentralisée représente l’une des innovations les plus disruptives du secteur financier depuis l’apparition d’Internet. Elle propose une vision radicalement nouvelle : un monde où chacun peut prêter, emprunter, investir sans intermédiaire. Mais ses rendements mirobolants cachent des risques élevés, encore mal maîtrisés.

Les banques, loin d’être condamnées, pourraient tirer parti de cette révolution en adaptant leurs modèles. Demain, la frontière entre finance traditionnelle et finance décentralisée pourrait bien s’estomper, au bénéfice des utilisateurs.

Sources