Été 2025 : entre records et secousses

Été 2025 : entre records et secousses

L’été 2025 aura été l’un des plus intenses de la décennie pour les marchés financiers. Tandis que Wall Street inscrivait de nouveaux records historiques, porté par la vague de l’intelligence artificielle et par des signaux monétaires plus accommodants, l’Europe oscillait entre reprise fragile et incertitudes tarifaires.

L’Asie, elle, a jonglé entre la puissance de Taïwan dans les semi-conducteurs et l’ombre persistante de la crise immobilière chinoise. Mais derrière cette euphorie apparente, les investisseurs ont été confrontés à des secousses brutales, comme la déroute de Novo Nordisk, aux tensions géopolitiques croissantes entre Israël, les États-Unis et l’Iran, et à l’épilogue symbolique de la chute d’Evergrande.

L’été 2025 restera comme un moment charnière : celui où les marchés ont commencé à parier sur un “pivot” monétaire, tout en réalisant que l’économie mondiale reste semée de pièges.

Macroéconomie et banques centrales : un pivot en préparation

Sur le plan macroéconomique, l’été a confirmé un scénario de ralentissement maîtrisé. Aux États-Unis, l’inflation est retombée à 2,7 % en juillet, avec un cœur à 3,1 %. L’emploi a montré des signes de modération, donnant à Jerome Powell l’argument nécessaire pour préparer une baisse de taux.

À Jackson Hole, le président de la Fed a surpris en ouvrant la porte à une détente monétaire dès septembre. Les marchés obligataires ont aussitôt salué l’annonce : le 10 ans américain est revenu vers 4,25 %, et le dollar a cédé du terrain.

En Europe, la BCE a préféré marquer une pause après avoir ramené son taux de dépôt à 2 % en juin. L’institution, confortée par un PMI composite en hausse à 51,1 en août, a estimé que la désinflation restait en bonne voie, même si l’inflation des services demeure un risque.

À Londres, la Banque d’Angleterre a pris une décision audacieuse : réduire son taux directeur à 4 % début août. Une décision aussitôt compliquée par le rebond de l’inflation britannique à 3,8 %, son plus haut niveau depuis plus d’un an. Enfin, au Japon, la BoJ a poursuivi sa normalisation graduelle en relevant son taux directeur à 0,35 %, dans un contexte où le yen reste faible malgré le resserrement monétaire.

Actions : gagnants et perdants de l’été

Les grands gagnants de l’été se trouvent dans la tech et la finance. Microsoft a livré des résultats spectaculaires, avec une progression de 39 % pour Azure et un capex record de 30 milliards de dollars, propulsant sa capitalisation au-delà de 4 000 milliards. Palantir a dépassé pour la première fois le milliard de dollars de revenus trimestriels et relevé fortement ses prévisions, confirmant la solidité de sa trajectoire.

TSMC a annoncé un bénéfice net record, en hausse de 60 % sur un an, consolidant son rôle central dans l’économie de l’IA. Les banques UBS et Santander se sont distinguées en publiant des bénéfices solides, portés par la bonne tenue de leurs activités commerciales et par une gestion prudente des coûts.

À l’inverse, plusieurs géants ont connu un été difficile. Novo Nordisk a vu sa capitalisation s’évaporer après un plongeon de plus de 10 % en août, les investisseurs doutant de sa capacité à maintenir son avance dans l’obésité. Dans le luxe, Kering a été sanctionné avec un recul de 15 % de ses ventes au T2, dont un plongeon de 25 % pour Gucci, tandis que LVMH a mieux résisté.

Renault a affiché une perte nette de plus de 11 milliards d’euros liée à une dépréciation sur Nissan et a abaissé ses prévisions de marge et de cash-flow. Enfin, l’éolien offshore européen a souffert de retards et de coûts persistants, avec Ørsted en première ligne.

Matières premières et obligations : l’or roi, le pétrole stable

Sur le marché des matières premières, l’or a confirmé son statut de valeur refuge ultime. Le métal jaune a franchi le seuil symbolique des 3 000 dollars l’once début août, stimulé par la perspective d’une baisse des taux américains et par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Le pétrole, en revanche, est resté étonnamment stable.

Le Brent a évolué autour de 67-68 dollars le baril, coincé entre une demande estivale soutenue et la prudence des investisseurs face aux incertitudes mondiales.

Côté obligations, la détente des rendements a permis aux actifs sensibles aux taux de respirer. Les small caps américaines et l’immobilier coté ont connu un rebond marqué après Jackson Hole. Les investisseurs ont commencé à rallonger leurs positions de duration, anticipant que l’ère des taux élevés touche à sa fin.

Géopolitique : un été sous haute tension

Si les marchés financiers ont fêté Jackson Hole, ils n’ont pas pu ignorer la montée des tensions au Moyen-Orient. Dès juillet, Israël a multiplié les signaux de fermeté à l’égard de l’Iran, accusé de soutenir des groupes armés régionaux. Les États-Unis ont affiché leur soutien inconditionnel à Tel-Aviv, tout en affirmant ne pas vouloir d’une extension du conflit.

Mais à Washington comme à Jérusalem, le message a été clair : toute attaque iranienne sera suivie de représailles.

Dans ce contexte, les investisseurs ont retrouvé de vieux réflexes. L’or a été plébiscité comme valeur refuge, et les flux vers les actifs jugés sûrs se sont intensifiés. Le risque géopolitique est redevenu un facteur central, rappelant que les marchés restent vulnérables aux soubresauts diplomatiques.

À l’autre bout de l’Asie, la radiation d’Evergrande de la Bourse de Hong Kong, fin août, a marqué l’épilogue symbolique d’une crise immobilière qui secoue la Chine depuis plusieurs années. Ce geste, hautement symbolique, a ravivé les craintes sur la solidité du modèle économique chinois, malgré un PIB affiché à +5,2 % au deuxième trimestre.

Perspectives : un automne sous surveillance

À la veille de la rentrée, trois grandes questions se posent. La première est monétaire : la Fed concrétisera-t-elle une première baisse de taux en septembre ? Si oui, le marché pourrait prolonger sa dynamique haussière, mais un chiffre d’inflation ou d’emploi mal orienté pourrait raviver la volatilité.

La deuxième est géopolitique : les tensions au Moyen-Orient, associées aux incertitudes commerciales, constituent une menace immédiate. Une escalade entre Israël, l’Iran et les États-Unis aurait des répercussions directes sur l’énergie et sur la confiance des marchés.

Enfin, la troisième est microéconomique : la vague de l’IA doit continuer de se traduire par des résultats tangibles. Si Microsoft, Palantir et TSMC ont montré la voie, les prochaines publications diront si cette tendance se diffuse à l’ensemble du secteur.

En résumé, l’été 2025 a été celui des contrastes : des marchés actions au zénith, des banques centrales qui amorcent leur pivot, mais aussi des chocs d’entreprises et des menaces géopolitiques qui rappellent la fragilité de cette euphorie. L’automne dira si la promesse d’un atterrissage en douceur peut tenir face aux secousses du monde réel.

Sources
https://www.reuters.com/markets/us/powell-signals-september-rate-cut-jackson-hole-2025-08-22/
https://www.reuters.com/markets/europe/ecb-leaves-interest-rates-unchanged-amid-tariff-uncertainty-2025-07-24/
https://www.reuters.com/world/uk/bank-england-cuts-rates-4-after-narrow-5-4-vote-2025-08-07/
https://www.reuters.com/markets/us/us-consumer-inflation-cools-more-than-expected-july-2025-08-14/
https://www.reuters.com/markets/commodities/gold-hits-record-high-above-3300-rate-cut-hopes-build-2025-08-21/
https://www.ft.com/content/microsoft-capex-30bn-ai-2025
https://www.reuters.com/business/palantir-lifts-annual-revenue-forecast-again-ai-demand-accelerates-2025-08-04/
https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/novo-nordisk-shares-plunge-obesity-drugs-2025-08-06/
https://www.reuters.com/business/autos-transportation/renault-h1-loss-guidance-nissan-impairment-2025-07-26/
https://www.bloomberg.com/news/articles/2025-07-30/kering-sales-slump-gucci-down-25-lvmh-resilient
https://www.reuters.com/sustainability/boards-policy-regulation/ubs-beats-expectations-with-24-billion-second-quarter-profit-2025-07-30/
https://www.reuters.com/business/finance/santanders-q2-net-profit-rises-7-same-period-2024-2025-07-30/
https://www.reuters.com/world/middle-east/white-house-american-people-not-seek-wider-war-2025-08-14/
https://www.reuters.com/world/middle-east/us-ready-strike-back-mid-east-attack-ambassador-2025-08-20/
https://www.reuters.com/world/china/evergrande-delist-hong-kong-2025-08-25/