Comment les ETF transforment la gestion d’actifs ?

Comment les ETF transforment la gestion d’actifs ?
Publié le 7 novembre 2025 par Nour Zeghdoud

En vingt ans, une révolution silencieuse a conquis les marchés financiers. Portés par les ETF, ces fonds qui imitent les grands indices comme le S&P 500, l’investissement n’a plus jamais été le même.

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Nés dans les années 1990, ils étaient à l’origine un simple outil d’investissement pour investisseurs institutionnels. Aujourd’hui, ils sont devenus un pilier incontournable de la gestion d’actifs mondiale, bouleversant les équilibres du secteur.

En 2025, les ETF représentent plus de 18 000 milliards de dollars d’encours, contre à peine 1.000 milliards de dollars en 2009. Derrière cette explosion se cache un phénomène plus profond : le basculement de la finance mondiale vers la gestion passive, incarnée par quelques géants comme BlackRock (iShares), Vanguard et State Street (SPDR).

Un produit simple, accessible et redoutablement efficace

Le succès des ETF s’explique par leur simplicité et leur faible coût.
Là où un fonds actif facture souvent plus de 1 % de frais annuels, un ETF coûte parfois moins de 0,1 %.
L’investisseur n’a plus besoin de “parier” sur la performance d’un gérant : il achète directement un panier d’actions reflétant le marché.

Aujourd’hui, de nombreux jeunes s’intéressent aux ETF en raison de leur grande simplicité. Ces produits rendent l’investissement en bourse accessible même à ceux qui possèdent peu de connaissances financières. Bien que les ETF aient été créés dans les années 1990, ils se sont largement démocratisés et attirent désormais aussi bien les particuliers que les institutions financières. Ces dernières ont rapidement perçu le potentiel d’investissement que représentent ces produits.

C’est dans cette optique qu’Amundi a lancé un ETF innovant : l’Amundi European Strategic Autonomy UCITS. Ce fonds offre à tous types d’investisseurs la possibilité de soutenir et de financer un portefeuille d’entreprises européennes jouant un rôle clé dans le renforcement de l’autonomie stratégique du continent.

Il s’agit du premier ETF du marché à investir dans des sociétés issues de dix secteurs considérés comme essentiels à la souveraineté et à la résilience de l’Europe : l’énergie, les réseaux et équipements électriques, les infrastructures, la logistique, la sécurité alimentaire, la pharmacie et la chimie, les logiciels, les semi-conducteurs, les services financiers, ainsi que l’aérospatial et la défense.

Cette démocratisation de l’investissement a permis à des millions d’épargnants particuliers d’accéder à des portefeuilles diversifiés, en un clic, via des plateformes comme Trade Republic, Degiro ou Etoro.
C’est la promesse d’un investissement “simple, transparent et rentable” un message qui séduit autant les petits investisseurs que les grandes institutions.

La montée en puissance des géants de la gestion passive

Mais derrière cette apparente ouverture, se cache une concentration sans précédent du pouvoir financier mondial.
Trois acteurs BlackRock, Vanguard et State Street Global Advisors dominent aujourd’hui le marché mondial des ETF, contrôlant près de 60 % des encours mondiaux (et plus de 75 % du marché américain).

Ensemble, ces trois géants de la gestion d’actifs administrent près de 29 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion (tous produits confondus), un montant supérieur au PIB combiné de l’Union européenne et de la Chine, et proche de celui des États-Unis. Cette concentration confère à ce trio, souvent appelé le « Big Three », un pouvoir d’influence sans équivalent sur les marchés et la gouvernance des entreprises cotées.

Leur influence dépasse largement la simple réplication d’indices.
En tant qu’actionnaires majeurs de la quasi-totalité des grandes entreprises cotées (Apple, ExxonMobil, Google, Pfizer, etc.), ils exercent une forme de pouvoir silencieux : celui du vote dans les assemblées générales, de la pression sur les conseils d’administration et de l’orientation stratégique à long terme.

Certains économistes parlent ainsi d’un « capitalisme d’indexation », où une poignée d’entreprises détiennent indirectement une part significative du capital mondial.

Néanmoins BlackRock reste le leader incontesté dans la gestion d’actifs, en effet en juin 2025 la société a clôturé son bilan avec plus de 12 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Ces gains sont boostés grâce à sa marque d’ETF iShares, bien connus de la société, constituent des solutions peu coûteuses pour les conseillers et les investisseurs individuels qui construisent des portefeuilles bien diversifiés. La société propose également des fonds obligataires actifs de premier ordre et une série de fonds à échéance fixe très intéressante.

Une transformation profonde de la gestion d’actifs

L’essor des ETF a forcé tout le secteur à se réinventer.
Les sociétés de gestion actives, autrefois dominantes, subissent une pression sur leurs marges et doivent justifier leur valeur ajoutée face à la performance souvent supérieure (et moins chère) des fonds passifs.

Certaines se repositionnent en lançant leurs propres gammes d’ETF ou en misant sur des stratégies hybrides : ETF thématiques, smart beta, ESG ou factoriels.
Le métier de gérant d’actifs se transforme : la sélection individuelle de titres laisse place à la conception de produits indiciels et à l’optimisation algorithmique.

En parallèle, la frontière entre gestion active et passive devient de plus en plus floue.
Beaucoup d’ETF, initialement passifs, adoptent désormais des filtres “actifs” (secteur, durabilité, technologie), redéfinissant les règles du jeu.

Un impact systémique sur les marchés

Si les ETF offrent liquidité et diversification, leur poids croissant suscite aussi des inquiétudes systémiques.
Certains analystes estiment qu’ils uniformisent les comportements d’investissement, amplifiant les mouvements de marché : quand un indice monte ou baisse, les flux massifs d’ETF accentuent la tendance.

De plus, comme les ETF détiennent les mêmes titres, la diversification réelle du système financier pourrait être moins importante qu’elle n’y paraît.
En cas de crise de liquidité, la vente simultanée d’ETF pourrait accentuer la chute des marchés sous-jacents.

Vers un nouveau modèle de finance mondiale

Les ETF ont profondément démocratisé l’investissement et fait baisser les coûts, mais ils ont aussi redéfini les rapports de force au sein de la finance mondiale.
La gestion d’actifs, autrefois fragmentée et centrée sur l’expertise humaine, est désormais dominée par quelques plateformes globales, pilotées par la donnée et les algorithmes.

La montée des ETF n’est pas qu’une révolution technique : c’est un changement de paradigme dans la manière dont le capital se distribue, s’oriente et, in fine, influence l’économie mondiale.

Sources:

L’encours mondial des ETF dépasse désormais les 18.000 milliards de dollars | Investir

ETF : un marché de 1.000 milliards de dollars | Les Echos